Ce mardi 1er et mercredi 2 décembre, la Vice-Première ministre et ministre des Affaires étrangères, Sophie Wilmès, a participé à la réunion ministérielle de l’OTAN. Celle-ci a eu lieu en vidéoconférence au vu des circonstances sanitaires actuelles. L’objectif de cette réunion était de pouvoir faire le point sur les grands dossiers qui occupent actuellement l’Alliance.
Nato 2030
Il y a un an, à l’occasion du 70ème anniversaire de l’organisation, les membres de l’OTAN réunis à Londres ont initié un processus de réflexion sur l’avenir de l’Alliance transatlantique et sa future stratégie. Sous la direction du Secrétaire général Stoltenberg, un groupe de dix experts a été chargé de produire des recommandations qui visent à moderniser le fonction de l’OTAN et à définir les grandes lignes de son champ d’action. Un premier rapport a été présenté aux ministres présents. Celui comprend 138 recommandations et ouvre la voie à une mise à jour du Concept Stratégique de l’OTAN.
Sophie Wilmès commente : « J’ai assisté en 2019 à la genèse de ce processus de réflexion indispensable à une évolution positive de l’Alliance transatlantique ; évolution qui doit garantir le maintien de notre unité et de notre collaboration sur le long terme. Je suis satisfaite de voir que ce travail est en bonne voie. Le Secrétaire général continuera à consulter les Alliés mais aussi la société civile au sens large dans l’optique d’aboutir à des recommandations définitives lors du sommet de Bruxelles en 2021. »
Elle complète : « la Belgique reste attachée aux consultations politiques en amont pour une action coordonnée des Alliés. Sachant que l’OTAN n’est pas un forum normatif, il est également essentiel que l’Union européenne travaille de manière plus étroite avec l’Alliance, notamment sur des questions de mobilité militaire et de sécurisation des infrastructures. Notre pays est convaincu que l’Alliance transatlantique reste la clé de voute de notre sécurité, même si ce constat ne doit pas empêcher l’Union européenne de se renforcer par elle-même. »
Afghanistan
En novembre, le président sortant Donald Trump a annoncé le retrait d’Afghanistan de 2.000 soldats américains d’ici la mi-janvier 2021. Cette décision qui s’inscrit dans le calendrier américain a été abordée par les ministres présents. Cela fait vingt ans maintenant que l’OTAN est engagée sur le terrain afghan afin de stabiliser le pays et éviter que celui-ci ne soit une plaque tournante du terrorisme international. Les Alliés ont souligné l’importance des négociations intra-afghanes afin de définir l’avenir du pays.
Sophie Wilmès commente : « La règle qui a toujours prévalu en ce qui concerne le retrait des troupes d’Afghanistan est ‘in together, adjust together out together’. Il est primordial que cette condition perdure, au risque de fragiliser le pays. Nous avons besoin de nous organiser, ensemble : c’est ce que j’ai plaidé au nom de la Belgique. »
Elle ajoute : « Une centaine de soldats belges sont présents en Afghanistan. Aux côtés de leurs collègues multinationaux, ils œuvrent chaque jour à la sécurisation, la pacification ainsi qu’à la reconstruction du pays. Nous avons fait de nombreux pas en avant en vingt ans. Si la marge de progrès est encore importante, nous avons néanmoins obtenu certains acquis sur le plan démocratique et la Belgique fait un point d’honneur à les préserver ; particulièrement en ce qui concerne le respect des droits humains et la place de la femme dans la société. »
Chine
La question de la montée en puissance de la Chine a également été abordée par les Alliés, rejoints pour l’occasion par leurs partenaires de la zone Pacifique, à savoir l’Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la Corée du Sud. Si la Chine est vue depuis longtemps comme un partenaire économique d’envergure, les membres de l’OTAN s’inquiètent des risques sécuritaires – physiques mais aussi dans l’espace et le cyberespace – que le pays pourrait représenter à l’avenir.
Sophie Wilmès commente : « L’erreur serait de chercher un nouvel ennemi dans le chef de la Chine. Comme cela a déjà été entériné au niveau européen, la Chine est un pays qui est à la fois un partenaire, un concurrent économique et un rival systémique. Il faut pouvoir dialoguer avec la Chine, sans naïveté, afin d’étudier les différentes manières de collaborer – nous avons besoin de la Chine aussi pour affronter des défis mondiaux comme la lutte contre le réchauffement climatique. Mais cela ne doit pas nous empêcher d’insister sur les valeurs que l’on défend, notamment en matière de défense des droits humains. Dans le même temps, l’OTAN doit être en capacité de renforcer sa force de dissuasion. »
Russie
Enfin, les Alliés ont réitéré leurs inquiétudes par rapport à l’attitude déstabilisante de la Russie, en se penchant plus spécifiquement sur les actions menées autour de la Mer Noire. Pour la Belgique, les mesures de dissuasions doivent être maintenues et notre pays continuera d’y contribuer, notamment dans les pays baltes. Par la même occasion, la Belgique a rappelé sa volonté de voir s’installer un dialogue franc avec Moscou au sein du Conseil Russie-OTAN, seule enceinte crédible pour s’engager dans une telle dynamique.
Dans ce contexte, la question du Haut-Karabakh a été aussi soulevée. L’intervention concertée au niveau du Benelux comprenait la position de la Belgique, à savoir l’importance d’avoir au sein du Groupe de Minsk des négociations rapides et crédibles entre les parties au conflit ; et ce, avec l’aide de l’Union européenne. Ces négociations doivent avoir comme objectif de conclure sur le statut du Haut-Karabakh. « Pour la Belgique, le cessez-le-feu doit être le début d’un processus diplomatique et politique visant à une paix durable dans la région du Caucase du Sud et à une réconciliation entre populations arménienne et azérie. » précise Sophie Wilmès.