Lundi soir, l’ex-Première Sophie Wilmès (MR), aujourd’hui ministre des Affaires étrangères, a mis sur la table du Conseil des ministres (kern) l’idée d’un changement de stratégie pour lutter contre le covid. Elle s’appuie sur la carte blanche publiée lundi dans Le Soir par le trio Clumeck,/Gilbert/Belkhir ; et plaide pour des mesures plus ciblées, en lieu et place de l’actuel yo-yo des ouvertures/fermetures par bloc sectoriel. La libérale s’autorise même à sortir de la réserve qu’elle s’impose les veilles de Codeco pour défendre cette proposition.

Cette carte blanche vous a inspirée ?

Je tiens à saluer ce texte, qui crée un momentum. Il faut parfois cette impulsion pour pouvoir changer de paradigme. Ce n’est pas une approche révolutionnaire. La proposition des trois experts est en fait la synthèse de toute une série d’approches similaires faites précédemment, dans une perspective de gestion de la crise à plus long terme. Mais il faut toujours une phase de mûrissement dans la réflexion. Et il était plus que temps qu’on y arrive. Je ne dis pas ça pour critiquer ce qui a été fait jusqu’à présent. Désormais, on a développé beaucoup de connaissances sur le virus et affiné nos armes (comme les tests et les vaccins). Il reste à utiliser toute cette intelligence collective pour sortir de la logique ON/OFF, qui oppose les secteurs les uns aux autres. Une logique suivie par le passé, car c’était impératif et nécessaire. Mais après un an, on ne peut plus raisonner de cette manière. Grâce aux protocoles notamment, il est possible de rendre un lieu « covid safe ». C’est sur cette approche qu’on doit se baser.

Peut-on se permettre un changement de stratégie avec plus de 900 patients covid aux soins intensifs ?

C’est vrai qu’il y a un an, quand on a déconfiné, on était dans une situation meilleure. Donc il faut rester prudent. Mais cela n’empêche pas de tenir compte de ce qui peut être fait en toute sécurité. Les activités à l’extérieur, en respectant les gestes barrières, c’est plus safe qu’à l’intérieur. Il faut donc pouvoir donner des espaces de liberté à la population. On ne peut plus dire : « C’est difficile du point de vue épidémiologique, donc on continue à tout interdire ».

Avec cette logique, il n’y avait aucune raison de réduire la bulle en extérieur de 10 à 4 personnes lors du dernier Codeco. Pourquoi l’avoir fait ?

Je ne vais pas critiquer des décisions auxquelles j’ai participé. Il y a des sensibilités différentes autour de la table. Mais toute privation de liberté est la dernière des solutions. Alors quand on peut revenir sur le chemin des libertés, on doit en saisir l’occasion. De la manière la plus ciblée et cohérente possible, pour éviter les dommages collatéraux. C’est ça l’évolution dont on a besoin aujourd’hui. Impérativement. Si certaines activités ne sont pas de nature à être dangereuses, on doit s’organiser pour les laisser fonctionner.

On n’aurait pas pu tirer ces leçons plus tôt ?

Ça fait des mois que nous le demandons et que l’on prêche dans le désert. C’est pour cela que cette carte blanche fait du bien. Elle résume une série de points que nous portons depuis longtemps, et met du vent dans les voiles.

Mais qui freinait ?

Je ne prendrai pas le risque de faire de procès d’intention ou de réécrire l’histoire en répondant à cette question.

Au nord du pays, partage-t-on cette envie de changement ?

Chacun a ses sensibilités et ses convictions. J’observe qu’il y a aujourd’hui de la maturité pour réfléchir différemment. C’est la seule chose qui m’intéresse, même si c’est vrai que le niveau d’enthousiasme n’est pas le même au nord. Cela ne veut pas dire que c’est rejeté. Au contraire ! J’ai demandé hier au kern qu’on travaille sur le sujet. Et l’accueil a été favorable.

Donc la question d’une nouvelle stratégie sera abordée au Codeco mercredi ?

C’est ma volonté.

Quoi d’autre à l’ordre du jour ?

Ce n’est pas dans mes habitudes de dire ce qu’il faut faire avant la réunion. Par contre, on sait que les beaux jours arrivent. On avait déjà mis sur la table un plan « plein air », en phase avec la nouvelle réflexion stratégique. Dehors, c’est l’espace ventilé par excellence. Donc on doit pouvoir autoriser certaines activités, parce qu’on a besoin de redonner ce souffle à chacune et à chacun pour tenir bon. J’ai également plaidé pour que l’on reste au plus près des engagements qui ont été faits la dernière fois.

 

Xavier Counasse

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