À quand le retour des enfants à l’école ? Quid de la reprise dans le secteur Horeca ? Comment vont se passer nos vacances ? Inutile d’attendre déjà un calendrier précis de la Première ministre qui le répète dans toutes les langues : « Le déconfinement sera graduel, il se fera petit à petit ». On va donc essayer d’avancer dans ce dossier très délicat après le 3 mai… Si la situation le permet et sans jamais exclure un possible retour en arrière. Bref, on n’est pas près de retrouver toutes nos libertés d’avant la crise !
Le déconfinement débutera le 4 mai, c’est quasiment sûr ?
Il sera plus délicat de le gérer que le confinement. C’est paradoxal, mais il sera plus délicat de gérer la reprise de nos libertés que le fait de nous les avoir ôtées. Ce sera un phénomène graduel, étape par étape, petit à petit. Vendredi prochain, on devrait dire que l’on commencera par ceci, puis que l’on fera cela et ces perspectives seront assorties de toute une série de conditions dont la première sera de voir si la situation sur le terrain l’autorise…
En d’autres termes, si la situation reste ce qu’elle est aujourd’hui dans nos hôpitaux, nous resterons confinés ?
Si la situation sur le terrain nous indique qu’un dérapage sanitaire est possible, on pourrait revenir en arrière, même si ce n’est pas l’objectif. Il faut avoir l’honnêteté et le courage de le dire.
On va faire ceci, puis cela… Vous ne pouvez pas être plus précise ?
Une direction prise, une perspective donnée, ce n’est pas un chemin tout tracé, avec toutes les dates. Si on ne l’a pas déjà fait, ce n’est pas parce que l’on n’en est pas capable, mais parce que tout se fera au fur et à mesure… J’ai parfois l’impression que l’on oublie que l’on vit une situation totalement inédite. Les politiques prennent des décisions, mais doivent avoir l’humilité de reconnaître que les meilleures décisions se prennent avec l’appui des experts et des différents secteurs.
Certains vous reprochent de vous cacher derrière les experts…
C’est une mauvaise analyse, cela ne correspond pas à la réalité. Les politiques tranchent et prennent la responsabilité des décisions, mais aucune décision n’échappe à la concertation avec les experts et on se concerte aussi entre nous, entre les différents niveaux de pouvoir.
On a quand même besoin de savoir ce qui va, par exemple, se passer dans les écoles ?
Nos enfants ne peuvent rester indéfiniment sans scolarité organisée… Même si je sais qu’elle s’est organisée durant le confinement et je tire mon chapeau aux enseignants et aux enfants. Cette crise a tout le temps des conséquences sur tout le monde. Mais on ne va pas rester indéfiniment comme cela, même si le risque zéro n’existe pas.
Vous comprenez quand même que nous avons un goût de trop peu ?
Si l’on demande des perspectives, il faut accepter qu’entre le plan émis et l’opérationnalisation dans ses moindres détails, il y ait des latences nécessaires pour tout bien élaborer pratiquement. On travaille de manière évolutive, c’est comme cela que ça fonctionne.
Pour en revenir aux écoles, cela part dans tous les sens. Pouvez-vous au moins affirmer que tous les enfants reprendront encore cette année scolaire, que certains ne devront pas attendre septembre ?
Si je répondais à cette question, ce ne serait pas responsable. Ma parole comme Première ministre doit être rigoureuse, sinon on ne s’en sortira pas. J’ai des contacts, j’ai bien sûr des idées, mais cela ne se décide pas du jour au lendemain. Entre ce week-end et vendredi, vous allez entendre tout et son contraire à ce sujet et par des gens qui seront convaincus de la justesse de leur point de vue. Mais vous ne m’entendrez pas, moi.
Une attraction comme le parc Pairi Daiza dit qu’elle se prépare à ouvrir, elle a eu des assurances de pouvoir le faire ?
Non, pas de moi et je ne pense pas que quelqu’un soit actuellement en capacité de donner une info précise à ce sujet…
Peut-on vraiment se dire que des milliers de Belges sur un bout de plage, c’est très différent de ces festivals d’été annulés ?
Jusqu’au 3 mai, tout déplacement reste interdit, sauf exceptions. On verra ce qu’il adviendra après le 3 mai.
Je parlais des vacances de juillet et d’août ?
Il n’est pas possible de dire comment cela va se passer pour les vacances. Ni de le dire, ni de ne pas le dire. Je regrette… Ce qui se passera après le 3 mai et la règle de distanciation sociale, c’est ça qui va définir ce qui sera possible ou pas dans les mois à venir.
Cela dépendra aussi des tests qui devront être bien plus nombreux qu’aujourd’hui. Or, on ne parvient déjà pas à arriver aux 10.000 tests quotidiens annoncés. C’est mal parti ?
Il ne faut pas confondre la capacité de 10.000 tests, que nous avons, et la faisabilité en amont : il faut des médecins et des personnes capables de faire ces tests sur le terrain. Ce nombre sera renforcé au fur et à mesure. On est plus avancé sur les tests qui servent à déterminer si quelqu’un a le virus que sur ceux dits sérologiques (pour savoir qui a développé des anticorps, NdlR), mais on va les développer de manière importante (il n’y a visiblement pas encore de chiffres stabilisés, NdlR). C’est aussi cela un plan par étapes.
Et puis, il y a le tracing, une autre étape primordiale ? Avec le risque qu’une majorité de Belges ne donne pas son consentement, ce qui le rendrait peu efficace ?
Le tracing est fondamental, il va permettre de mieux contrôler l’évolution de la propagation du virus. Il y a un suivi physique et nous avons d’ailleurs averti les Régions qu’elles devraient engager en masse (puisque cela relève de leur compétence) pour le mener à bien. Il y a aussi un suivi technologique qui doit encore être choisi et encadré juridiquement : il est très compliqué de respecter la vie privée et de faire quelque chose de ce genre sans l’accord des citoyens. Mais je ne connais pas suffisamment ces applications, je ne vais pas m’avancer.
Il faudra donc attendre vendredi prochain pour avoir plus de précisions. On n’aura rien avant ?
Ce sera un plan étape par étape, mais il sera très compliqué de parler vendredi de tout ce qui fait la vie des Belges.
INTERVIEW < DIDIER SWYSEN