Demain, 31 décembre, le sixième mandat de la Belgique au Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) arrive à son terme. Deux ans et demi auparavant, notre pays avait reçu le soutien de pas moins de 181 pays pour siéger pendant deux ans à la table de l’organe le plus important pour la paix et la sécurité internationales. Pendant ces deux années, la Belgique a été active dans tous les dossiers à l’ordre du jour de cette instance.
« Un tel mandat n’est pas une responsabilité évidente en ces temps de tensions géopolitiques croissantes, d’équilibres changeants et de pression accrue sur le système multilatéral », déclare la Ministre des Affaires étrangères, Sophie Wilmès. « Mais avec un engagement collectif et la prise de responsabilité, la communauté internationale peut mieux faire face aux nombreux défis internationaux. »
La Belgique s’est vue confier un certain nombre de dossiers et de fonctions importantes pour ce mandat. Notre pays a présidé le Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés, au sein duquel le Conseil de sécurité fait des recommandations aux pays pour mieux protéger les enfants des effets des conflits. La Belgique a également présidé le Comité de sanctions sur la Somalie, où les sanctions, y compris un embargo sur les armes, contribuent à lutter contre la grave instabilité dans le pays. En tant que co-auteur, la Belgique a recherché un consensus entre les membres du Conseil de sécurité sur les questions humanitaires liées au conflit en Syrie, comme l’accès de l’aide humanitaire, ainsi que pour le mandat du Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS). La Belgique a également été reconnue pour avoir facilité la résolution 2231, un texte clé pour le suivi du programme nucléaire iranien et la mise en œuvre du plan d’action global conjoint (JCPOA).
La lutte contre les violations du droit international et des droits de l’homme, contre l’érosion du droit humanitaire et contre l’impunité sont d’autres pierres angulaires de l’approche multilatérale belge. Notre pays a défendu le rôle de la Cour pénale internationale (CPI) en tant que point focal pendant notre mandat. La Belgique a également mis le sujet de la justice transitionnelle à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.
Ces fonctions ont défini l’action belge au Conseil de sécurité des Nations unies. Mais notre pays a également fait la différence à d’autres égards. L’accent mis sur la transparence et l’ouverture s’est traduit par une participation régulière de la société civile. « La diplomatie belge y attache une grande importance », souligne la Ministre Wilmès. « Nous avons souvent fait en sorte que des défenseurs des droits de l’homme ou des représentants de la société civile s’asseyent à la table du Conseil de sécurité pour partager leurs idées et leurs expériences ».
En tant que membre fondateur de l’Union européenne (UE), la Belgique attache une grande importance à la coordination entre les membres de l’UE du Conseil de sécurité. Il en est résulté une augmentation remarquable du nombre de déclarations communes qui ont donné une plus grande visibilité à la voix européenne.
La Belgique a également joué un rôle moteur dans la coopération croissante entre les membres élus du Conseil de sécurité (appelés « Elected 10 » ou « E10 »). En 2019, pour la première fois dans l’histoire, ces membres ont parlé d’une seule voix au Conseil de sécurité afin d’améliorer la méthode de travail de l’organe et de rendre plus équilibrée la répartition des tâches entre les membres permanents et non permanents. La même année, la Belgique, avec le Koweït et la Tunisie, a réuni à Bruxelles tous les membres élus sortants, actuels et entrants afin de consolider davantage la coopération. Cela s’inscrit parfaitement dans la volonté d’accroître l’efficacité et l’efficience du Conseil de sécurité.
Il est vrai que les tensions internationales ont un impact sur la dynamique et la prise de décision. Mais la Ministre Wilmès plaide pour la nuance : « Il ne fait aucun doute que le Conseil de sécurité doit être réformé. Il est certain qu’une certaine dynamique entre des membres permanents réduit parfois la capacité de décision du Conseil de sécurité. Et les membres élus doivent parfois se mesurer aux membres permanents. Mais le Conseil de sécurité est toujours en mesure de prendre des décisions importantes sur les crises les plus difficiles dans le monde. Grâce en partie à la détermination de la Belgique, l’accès humanitaire en Syrie a été assuré à des millions de civils. Prenez aussi par exemple la situation des enfants dans les conflits. En deux ans, la Belgique a conduit le Conseil de sécurité à adopter par consensus pas moins de quinze textes sur la manière de traiter les violations des droits de l’enfant dans certains des dossiers géographiques les plus controversés, tels que la Syrie et le Myanmar. Cette réalisation sans précédent a également nécessité la volonté de tous les membres du Conseil de sécurité des Nations Unies ».
Tous les départements de la diplomatie belge ont été impliqués dans l’exécution du mandat. Le Ministère de la Défense a également joué un rôle, notamment grâce à son expertise dans ce domaine. Le déploiement de la centaine de Casques bleus belges des Nations unies dans le cadre de la MINUSMA (mission de maintien de la paix des Nations unies au Mali), par exemple, confère à notre pays expertise, crédibilité et reconnaissance. Notre pays a pu bénéficier de cette expérience lors de la négociation des mandats des treize opérations de maintien de la paix des Nations unies dans le monde.
L’investissement pour un mandat au Conseil de sécurité est considérable, mais nécessaire, selon la Ministre Wilmès. « Nous devons jouer le jeu, prendre nos responsabilités et déterminer la direction. C’est ce que nous avons fait. Une fois de plus, nous avons confirmé notre réputation de bâtisseur de ponts. Nous avons forgé des compromis. Nous avons défendu une conception large de la sécurité, incluant le droit international, le droit humanitaire de la guerre et les droits de l’homme. Et grâce, entre autres, à notre réseau diplomatique en Afrique, nous avons donné une forme importante aux décisions du Conseil de sécurité des Nations unies ». En outre, les vingt-quatre mois au Conseil de sécurité ont donné un meilleur accès aux principaux acteurs mondiaux et du renforcement de la coopération avec les partenaires habituels et moins habituels.
La cheffe de la diplomatie belge revient avec satisfaction sur un mandat réussi au Conseil de sécurité. Cependant, il n’est pas question de complaisance. Les prochaines étapes de la diplomatie multilatérale belge sont déjà envisagées. Cette année, notre pays préside le groupe des fournisseurs nucléaires. La Belgique est également à la tête de la Conférence du Désarmement en 2021. Notre pays fait également campagne pour le rôle de président de la 5e commission de l’Assemblée générale des Nations unies. Et la Belgique vise un siège au Conseil des droits de l’homme à partir de 2023. Ce ne sont là que quelques exemples de l’engagement de la Belgique en faveur d’un multilatéralisme efficace.