Créé en 1999, le DTL vise à renforcer la coopération entre l’Union européenne et les États-Unis dans une série de domaines dépassant la politique étrangères.

Sophie Wilmès, Vice-présidente de la Délégation en charge des relations avec les États-Unis (DUS), a participé à la 89ème édition organisée à Fort Worth, au Texas.

Voici les conclusions officielles:

 

(Traduction libre de l’anglais)

Nous, membres du Parlement européen et de la Chambre des représentants des États-Unis, nous sommes réunis les 8 et 9 novembre 2024 dans la ville de Fort Worth, au Texas, pour la 89e Réunion interparlementaire du Dialogue transatlantique des législateurs. Depuis des décennies, l’alliance transatlantique est le pilier de la sécurité nationale américaine et européenne, ainsi qu’un multiplicateur de force pour préserver l’ordre international fondé sur le droit. Dans un contexte géopolitique qui évolue et après des élections importantes en Europe et aux États-Unis, nous nous sommes réunis pour aborder les défis auxquels notre alliance est confrontée et réaffirmer l’importance de notre alliance pour garantir la paix et la prospérité et soutenir la démocratie, l’État de droit et la liberté à travers le monde.

Comme ce fut le cas en avril dernier, nous maintenons notre détermination à assurer la résilience des chaînes d’approvisionnement, la protection de nos infrastructures physiques et cyber, et la coordination de nos contrôles à l’exportation. Nous protégerons collectivement les technologies sensibles ayant un impact sur notre sécurité et combattrons toute forme de coercition économique de la part de puissances rivales. Cela inclut les efforts pour harmoniser l’application et la coordination de nos régimes de contrôle des exportations. Nous nous engageons à un développement et à un déploiement de l’intelligence artificielle centrés sur l’humain de part et d’autre de l’Atlantique, permettant à nos sociétés de bénéficier des nombreuses opportunités qu’elle contient tout en garantissant le respect des droits humains et des valeurs démocratiques. Reconnaissant le potentiel d’acteurs malveillants à utiliser l’IA pour amplifier leurs actions néfastes, y compris dans le cyberespace, nous devons investir massivement dans la cyber sécurité, en utilisant l’IA pour renforcer notre cyberdéfense et, ainsi, détecter et réagir plus rapidement aux cyberattaques. Nous devons renforcer notre coopération numérique, également dans le cadre du Conseil du commerce et de la technologie. Nous reconnaissons et nous engageons à traiter les pénuries de main-d’œuvre qui sont critiques dans les domaines de la cyber sécurité. Nos pays doivent former une nouvelle génération d’experts en cyber sécurité et en IA pour garantir notre préparation à faire face aux menaces d’aujourd’hui et de demain. Notre formation en cyber sécurité et en IA ne doit pas se limiter aux universités traditionnelles, mais inclure également des écoles professionnelles et des formes d’apprentissage non conventionnelles.

Nous condamnons dans les termes les plus forts la guerre d’agression illégale, injustifiée et non provoquée de la Russie contre l’Ukraine, et nous rendons hommage aux milliers de civils ukrainiens innocents tués par des attaques aveugles sur des bâtiments résidentiels, des infrastructures énergétiques ukrainiennes et des cibles civiles, y compris des hôpitaux, des écoles et des lieux de culte. Nous nous souvenons aussi des milliers de soldats ukrainiens qui, dans ce conflit, ont sacrifié leur vie ou leur intégrité physique dans la défense légitime de leur pays, de l’Europe et de nos valeurs communes : liberté, démocratie, indépendance et souveraineté. Nous nous engageons également à ne pas oublier la déportation illégale de dizaines de milliers d’enfants ukrainiens des zones occupées de l’Ukraine vers la Russie, ce qui constitue un crime de guerre. Nous soulignons la nécessité de continuer à honorer tous les engagements pris en soutien à l’Ukraine, y compris la fourniture d’équipements militaires. Nous nous félicitons donc de la finalisation des prêts extraordinaires d’un montant allant jusqu’à 35 milliards d’euros pour l’Ukraine par l’UE et de 20 milliards de dollars par les États-Unis, à rembourser avec les futures recettes provenant des actifs russes gelés. Nous réaffirmons notre soutien aux efforts internationaux visant à obtenir une responsabilité effective pour les crimes commis par la Russie et à aller vers une paix globale, juste et durable. Nous soulignons la nécessité de maintenir et de renforcer davantage la coopération transatlantique et la détermination face à la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine.

Nous appelons à des actions multilatérales robustes pour affaiblir les efforts de guerre de la Russie, notamment l’imposition de sanctions strictes aux pays tiers qui aident la machine de guerre russe. La Chine doit se comporter en puissance mondiale responsable en cessant ses exportations massives de biens à double usage vers la Russie, qui alimentent la machine de guerre russe, et en aidant à mettre un terme immédiatement au déploiement de troupes nord-coréennes supplémentaires en Russie pour combattre l’Ukraine. Enfin, nous condamnons le régime illégitime d’Aleksandr Loukachenko en Biélorussie, qui a permis à la Russie de mener sa guerre d’agression en Ukraine à chaque étape. La Russie et ses principaux complices ne peuvent et ne doivent pas gagner. Une victoire de la Russie en Ukraine renforcerait Poutine et d’autres nations belligérantes potentielles, ouvrant la voie à un monde aux perspectives sombres, fait d’imprévisibilité pour nos citoyens.

Nous condamnons fermement tout soutien à la guerre russe sous toutes ses formes et nous incitons nos gouvernements respectifs à prendre des mesures plus fortes pour y mettre un terme. Nous croyons également que l’Ukraine doit être autorisée à utiliser les systèmes d’armement à longue portée fournis par l’Occident contre des cibles militaires légitimes en territoire russe. Nous exhortons également nos gouvernements à redoubler d’efforts pour faciliter la transition de l’Ukraine dans l’utilisation d’avions de chasse occidentaux.

Nous restons engagés à soutenir les pays partageant les mêmes valeurs qui souhaitent rejoindre l’Union européenne (UE) et embrasser les valeurs fondamentales de l’alliance transatlantique. En République de Moldavie, la récente réélection de la présidente Sandu et l’approbation par le pays d’un référendum constitutionnel visant à inscrire l’objectif d’intégration à l’UE dans sa Constitution, malgré les ingérences russes massives durant la période électorale, sont des conclusions très positives qui aident la Moldavie dans son chemin vers l’intégration européenne. Nous saluons les progrès réalisés dans les négociations d’adhésion à l’UE par l’Ukraine et les pays des Balkans occidentaux.

Cependant, nous restons profondément préoccupés par la situation en Géorgie. En écho à de nombreuses déclarations des responsables de l’UE et des États-Unis au cours des dernières années, nous pensons que les actions du gouvernement géorgien éloignent le pays de l’intégration transatlantique. Nous notons que les élections législatives du 26 octobre 2024 ont été marquées par un climat préélectoral tendu et polarisé, avec de nombreux rapports d’irrégularités le jour des élections.

75 ans après sa création, l’OTAN a prouvé qu’elle était l’alliance de sécurité militaire la plus fiable et la plus réussie jamais réalisée, et le fondement de la sécurité des citoyens des deux côtés de l’Atlantique. Nous nous réjouissons que les Alliés soient désormais en train de mettre en œuvre les décisions des Sommets de Madrid et de Vilnius pour moderniser l’OTAN en vue d’une nouvelle ère de défense collective, et que plus des deux tiers des alliés de l’OTAN respectent leur engagement de consacrer au moins 2 % du PIB à la défense chaque année. Nous saluons le renforcement des défenses de l’OTAN, les nouveaux plans militaires robustes, davantage de forces en état de préparation plus élevée, le renforcement des partenariats de défense dans le cadre de la Boussole stratégique de l’UE et du Concept stratégique de l’OTAN, ainsi que les hausses majeures des investissements en matière de défense. Nous croyons que des investissements supplémentaires dans ce domaine sont nécessaires pour que l’alliance puisse relever les défis d’aujourd’hui et de demain. Enfin, nous réitérons notre engagement envers la politique de porte ouverte de l’OTAN et croyons que les pays aspirants qui remplissent les conditions nécessaires devraient être accueillis au sein de l’alliance.

Nous sommes profondément préoccupés par le conflit militaire en cours au Proche-Orient, la situation humanitaire et la déstabilisation continue de la région à la suite de l’attaque meurtrière du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, ainsi que les conflits en cours à Gaza et au Liban. Nous appelons à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages à Gaza et à une cessation rapide de la violence, conduisant à une résolution durable du conflit. Nous appelons à un accès humanitaire sans entrave et à une distribution soutenue à la population civile de Gaza de cette aide qui aura été préalablement analysée en détail. Nous appelons à la relance du processus de paix au Proche-Orient, pour offrir un futur aux Israéliens et aux Palestiniens. Au Liban, nous soutenons l’application complète de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations Unies, y compris le désarmement de tous les groupes armés au Liban, afin qu’il n’y ait d’autre autorité ou armes au Liban que celles de l’État libanais. Nous condamnons les attaques continues des Houthis soutenus par l’Iran, y compris celles visant le commerce international dans la mer Rouge et le golfe d’Aden, qui ont tué des marins et perturbé le commerce, et nous restons profondément préoccupés par la prise d’otages par les Houthis et leur interférence dans la capacité de la communauté internationale à fournir de l’aide humanitaire. Nous appelons à une coordination toujours plus étroite entre l’UE et les États-Unis pour préserver la liberté de navigation et dissuader les menaces provenant de la région, aider à désescalader la situation et réduire les tensions. Nous appelons également l’UE et les États-Unis à coopérer avec les partenaires régionaux, y compris Israël, sur une solution politique viable pour l’avenir.

Les deux parties s’engagent également à travailler dans un esprit de compromis pour éviter toute nouvelle escalade des tensions économiques entre elles et chercher des moyens concrets afin de résoudre leurs divergences et garantir des solutions durables à tous les irritants commerciaux transatlantiques. Nous nous réjouissons également des initiatives sous le Conseil du commerce et de la technologie, qui améliorent la transparence concernant nos activités respectives visant à promouvoir les énergies renouvelables et à relever les défis environnementaux. Nous exprimons notre plein soutien à la coopération continue entre l’UE et les États-Unis dans le cadre du Conseil de l’énergie UE-États-Unis ainsi que de la Task Force sur la sécurité énergétique.

De plus, l’UE et les États-Unis sont respectivement les premiers et deuxièmes plus grands acteurs commerciaux agricoles mondiaux. Les États-Unis sont une destination majeure pour plusieurs produits agricoles européens de qualité, et inversement. Nous restons engagés à développer le commerce agricole et la coopération et à travailler pour éviter les frictions commerciales ou la création de barrières supplémentaires. Les impacts mondiaux de la militarisation par la Russie de ses exportations de céréales et la cible systématique de l’infrastructure agricole et portuaire de l’Ukraine soulignent notre responsabilité partagée dans la défaite stratégique de la Russie en Ukraine et notre rôle commun dans la reprise et la reconstruction de l’Ukraine. Nous soutenons la revitalisation de l’industrie agricole ukrainienne grâce à la reconstruction de son infrastructure et à ses efforts de déminage, et soutenons son rôle essentiel dans la sécurité alimentaire mondiale en tant que grand exportateur agricole.

Avec les élections de 2024 derrière nous, nous sommes fiers de constater que les piliers clés de nos démocraties restent forts, car il n’y a pas de plus grand témoignage des idéaux du monde libre que la tenue d’élections régulières, libres et justes. Des parlements solides sont l’épine dorsale de chaque démocratie, garantissant la légitimité démocratique de la législation et un contrôle approfondi de l’exécutif. Nous nous engageons dès maintenant à jouer nos rôles respectifs dans la phase de transition, où de nouvelles administrations des États-Unis et de l’UE prennent place, en exerçant de manière responsable notre devoir de contrôle, de surveillance et de transparence. Nous ne tolérerons pas les tentatives d’acteurs malveillants de diviser nos pays intérieurement et de créer des divisions entre nous en tant que partenaires.

Nos valeurs communes méritent d’être défendues pour l’avenir de nos sociétés libres, démocratiques et prospères. Ensemble, nous sommes forts et ensemble, nous ferons face à tous ces défis de front. Et ensemble, nous préserverons pour nos enfants cet ultime espoir de l’humanité, les idéaux de la liberté.